L’Université actuelle, produit sociohistorique d’un processus civilisationnel complexe, controversé et ambigu

En recourant à une approche essentiellement sociohistorique, nous rappellerons dans un premier temps, à partir de sa rénovation sous l’égide des États-nations en constitution aux XVIIe et XVIIIe siècles, l’évolution de l’université libérale à visée culturelle et citoyenne à l’université de “l’excellence”, instrumentale et économiciste. Puis, dans un deuxième temps, il importera de comprendre pourquoi et comment ce passage s’est produit. À la suite de deux ruptures épistémologiques et ontologiques qui ont affecté directement la conception actuelle de l’éducation – une rupture entre l’humain et la nature et une rupture consécutive entre les disciplines scientifiques et les activités professionnelles –, quatre principaux courants occidentaux – l’universalisme transcendantal, la culture humaniste, les pensées libérale et républicaine – se sont confrontés et ont influencé la forme et les contenus des systèmes éducatifs scolaires, incluant l’Université. Ces courants sont à l’origine d’un modèle éducatif dominant fondé sur une logique utilitariste et individualiste. Enfin, dans un troisième temps, en guise d’illustration abordant une question vive, nous montrerons que l’éthique de la conviction, associée à une éthique de la responsabilité, dans la mesure où toute deux s’inscrivent exclusivement dans la sphère organisationnelle, constituent une impasse, sinon un piège mortel pour les valeurs démocratiques et le respect des dimensions humaines et sociales.