Notre point de départ sera le moment où, dans la Phénoménologie de l’esprit, au terme des pages introductives au Chapitre IV, Hegel pose que le concept de l’esprit est celui d’un « Je qui est un Nous, et [d’]un Nous qui est un Je ». Nous ferons l’hypothèse que ce « mot de l’esprit » (É. Balibar) ouvre la compréhension de la théorie de la reconnaissance. La tâche de Hegel est de préciser les conditions auxquelles un rapport entre consciences doit satisfaire si des consciences de soi doivent pouvoir « se reconnaître », c’est-à-dire pouvoir dire Nous et Je à la fois. L’examen de ces conditions nous fera comprendre pourquoi une « vie éthique » doit être caractérisée par le fait que les consciences y sont engagées dans une activité qui est un travail partagé et commun, et donc une coopération.