Les travaux d’Alexander Wendt ces vingt dernières années ont permis d’introduire dans le champ des relations internationales le débat agent-structure, et plus généralement d’ouvrir la voie aux réflexions d’ordre ontologique et épistémologique. Cependant, sa théorie se situe encore dans une perspective co-déterministe qui demeure une impasse. En particulier, ses prémisses l’obligent à une réification des structures sociales telles que l’État, les cultures anarchiques et le système international. Son parti pris systémique ne lui permet non plus d’introduire avec succès le rôle des acteurs humains pris dans leur contexte socio-historique. En s’appuyant sur la pensée de Norbert Elias, nous proposons une relecture de la théorie wendtienne se fondant sur une sociologie relationniste, processuelle et figurationnelle. Cette discussion ouvre la voix à un débat sur l’objet d’étude et les concepts de la discipline.
Aurélie Lacassagne est professeure adjointe au département de science politique de l’Université Laurentienne où elle enseigne les relations internationales. Elle a obtenu son doctorat en 2008 à l’Institut d’Études Politiques de Bordeaux (France). Elle travaille sur les théories des relations internationales, les problématiques reliées à l’immigration ainsi que les relations entre culture populaire, pouvoir et identités. Elle a codirigé un ouvrage sur le Bélarus paru en 2003 aux Presses Universitaires de Laval ainsi que plusieurs articles dans des revues scientifiques portant principalement sur des questions identitaires et les logiques d’inclusion et exclusion.