Dans son ouvrage Donner le temps (Paris, Galilée, 1993), Jacques Derrida avance que le don, compris comme un échange entre un donateur et un donataire, se trouve toujours déjà pris dans un calcul, dans une réciprocité, dans une relation économique … qui annule le don comme don. Car, selon Derrida, « pour qu’il y ait don, il faut qu’il n’y ait pas de réciprocité. » (p. 24) Pour qu’il y ait don, il faudrait notamment que le donateur ignore qu’il donne et que le donataire ignore qui lui donne. C’est pourquoi « le don est l’impossible ». C’est à partir de cette « aporie du don » que Derrida propose une lecture déconstructive de « L’essai sur le don » de Marcel Mauss. Nous souhaiterions dégager les limites de cette lecture, notamment en remettant en cause l’exclusion du don et de la réciprocité qu’elle suppose.