Sur la nature du langage et de la pensée : l’objectivité sociale des médiations symboliques

Dans l’analyse de la spécificité du langage humain relativement aux formes de la communication animale, je partirai, comme l’ont fait S. Greenspan et S. Shanker dans The First Idea, de la sensibilité, de l’affectivité et de l’expressivité animale qui en représentent la condition matérielle et formelle sine qua non de développement. Je procéderai pour cela à la confrontation de deux schémas portant, l’un sur la représentation sensible et l’autre sur la représentation symbolique, en montrant comment la structure relationnelle de la première se trouve réintégrée dans la seconde, pour y former la base irréductible de toute expérience objective. Cela permettra de montrer de manière formelle comment le langage et la pensée n’ont pu se développer qu’à partir d’une structure déjà très élaborée d’interactions et de communication au sein d’un groupe animal.

Dans la seconde partie de ma communication, je mettrai ensuite l’accent sur l’analyse de ce qui représente le critère décisif du passage au langage et à la pensée conceptuelle proprement humaine : la «pure» virtualisation des représentations symboliques, impliquant elle-même l’objectivation sociale de l’ensemble des formes symboliques, qui leur confère une existence réelle en dehors des contextes de l’interaction actuelle entre individus. Je prendrai en exemples d’une telle «objectivation décontextualisée», assurant la mise en commun a priori de l’ordre symbolique, les formes du récit et de l’idéologie. Cette objectivation de deuxième degré, à caractère réflexif, sera interprétée comme un témoignage fondamental concernant l’objectivité de la société à l’égard des individus, soutenant une compréhension réaliste de la société dans les sciences sociales.